Accueil A la une Reportage | Cherté des fruits et légumes et tendance haussière des prix dans les marchés : Les prix ne «jeûnent» pas !

Reportage | Cherté des fruits et légumes et tendance haussière des prix dans les marchés : Les prix ne «jeûnent» pas !

Depuis le début de la semaine, on remarque des prix hors de propos pour certains légumes, comme les concombres ou les poivrons quand il y en a. Seuls les rayons poissonnerie et crémerie sont noirs de monde…

Vendredi 8 avril 2022, au petit matin, le marché central de Tunis grouille de monde. En fin de semaine et au septième jour de Ramadan, les esprits sont tournés vers les étals de poissons et les produits laitiers en grande majorité. Etonnement ou pas, les allées des fruits et légumes sont plutôt désertées et l’affluence contraste avec celle des autres halls du marché. La pénurie sur certains légumes, comme les concombres et les poivrons a fait voler les prix pour des clients abasourdis. Les légumes particulièrement demandés durant ce mois saint sont chers. Très chers. Alors, les consommateurs boudent en masse et se dirigent vers des rayons plus attractifs où les prix pratiqués sont plus raisonnables. Entre la pénurie de certains aliments de base et l’abondance de poissons et de produits laitiers, le client fait vite son choix.

Entre pénurie et abondance

Un kilogramme de concombres s’écoule à 6,850 D, même si d’autres vendeurs en proposent à 3,650 D. Les poivrons manquent sur les étals si bien qu’ils sont à 7 D le kilo par endroits quand on en trouve. Les courgettes à 2 D/kilo, les épinards à 2,300 D/kilo et les aubergines à 3,500 D/kilo sont relativement chers. Le prix des pommes de terre décrié par les consommateurs est à 2 D le kilo. La citrouille pour le kaftagi se vend… sans affichage de prix à 3,500 D le kilo mais s’affiche ailleurs à 4,300 ou encore 3,750 D le kilo ! Les légumes les plus abordables sont les tomates à 1,650 D/kilo, les citrons à 1,600 ou 1,750 D, les oignons blancs et poireaux à 1,300 et les oignons rouges à 1,180 D tous au kilo.

Au rayon des fruits, des prix plus acceptables sont pratiqués, hormis pour les bananes importées d’Equateur qui s’écoulent à 6,790 d le kilo ou 7,290 D le kilo et les fraises qui se vendent à sept dinars le kilo…Du jamais vu quasiment. Une triste première. La datte, fruit roi ramadanesque du «s’hour» et à la rupture du jeûne, qu’on a largement vue dans les points de vente du producteur au consommateur avec des prix qui descendent jusqu’à 2 ou 3 dinars le kilo en vrac, a vite repris des couleurs. A 10 et 11 D le kilo, la gamme de dattes branchées prétendues «extra» et 4,500 ou 4,990 D le kilo en vrac, l’opération séduction du point de vente express s’avère «de la poudre aux yeux». Il y a même un discrédit des consommateurs sur cette initiative qui a connu un succès à l’Ariana et un échec à Bizerte.

Les oranges Navel de Mornag sont commercialisées à 1,950 D/kilo. Sur l’étal où sont exposées de belles pommes Golden menues qui affichent le prix de 2,590 D/kilo, un écriteau qui affiche la mention «assel, assel» (miel) invite le client à céder à la tentation, face au chaleureux marchand si accueillant. Il promet le meilleur rapport qualité-prix même s’il admet qu’il y en a moins cher ailleurs mais qui n’ont pas le même aspect. Il estime que les prix des fruits est largement correct par rapport à la cherté ahurissante des légumes, mais, n’hésite pas à vous refiler quelques pommes légèrement pourries sur les bords…. Des pommes Golden plus consistantes s’écoulent carrément à 7,500 D/kilo ! L’affichage de prix fait grandement défaut, ce qui est intolérable en pareille occasion. La barquette de 500 grammes de fraises est à 4,300, même s’il y en a également au loin d’autres à 2,5 D/kilo. C’est la valse des prix dans ce souk. Les prix des pommes rouges et des avocats en appellent au jeu de la devinette. L’ananas est à 15 D, si par chance, ce fruit tropical importé, n’est pas beau de l’extérieur et pourri de l’intérieur.

Vente conditionnée

Une légère abondance des variétés de poissons se constate. Une cinquantaine d’étals se concurrencent. C’est à qui mieux mieux entre poissonniers et ce n’est pas plus mal car le consommateur est à son avantage. Le prix du mérou «menani» affiche fièrement 24 D/kilo. Le prix des calamars oscille entre 19,900 et 26,900 D/kilo et les rougets, qui sont commercialisés à 10 D/kilo, connaissent un certain engouement. Les daurades sauvages et les loups de mer sont plus chers que d’habitude et se vendent à 15 et 18 D le kilo. Le poulpe s’écoule à 20 D/kilo, les chevrettes et les moules à 10 D/kilo tandis que les crevettes royales affichent le prix exorbitant de 46 D le kilo.

Au rayon boucherie, les mauvaises pratiques sont légion, notamment auprès des bouchers au moment même où la viande devient chère. Récemment, un client d’un marché à l’Ariana a été contraint d’acheter le «cœur» du mouton pour avoir une part de foie à 42 D le kilo. C’est à prendre ou à laisser. Le client doit-il faire profil bas et acheter la marchandise désirée ou boycotter un achat sous prétexte de fraude commerciale ? En attendant, la vente conditionnée est décriée par les consommateurs du côté de Monastir, qui ne supportent pas qu’on les traite comme du bétail. La plus forte affluence se situe dans le rayon fromagerie et crémerie, parce que les consommateurs raffolent de ricotta et de fromage pour les bricks ou les tajines.

Pour rappel, l’application officielle «Codeonline» est disponible en téléchargement gratuit sur les plateformes numériques pour s’informer en temps réel des prix des denrées de première nécessité et des fruits et légumes et protéger le consommateur contre les dépassements et les arnaques. Yasser Ben Khelifa, directeur au ministère du Commerce, appelle dans le cas contraire au boycott des produits et denrées de base hors de prix afin de contrecarrer les pratiques déloyales et tordre le cou aux fraudeurs de tout acabit. De son côté, l’Organisation de défense du consommateur a réagi par la voix de la vice-présidente, Thouraya Tebessi, qui en déduit que les tarifs annoncés par le ministère du Commerce ne sont nullement respectés, à l’instar des pommes de terre, négociées à plus de deux dinars. Quant aux piments, leur prix a atteint les 7 à 8 dinars dans la plupart des points de vente conventionnels.

Un Ramadan bien difficile pour le budget des ménages tunisiens à l’heure où le taux d’inflation, en constante hausse, continue à nous jouer de mauvais tours. Le contrôle économique doit sévir et sanctionner les commerçants qui fraudent et spéculent.

crédit photo : © Koutheir KHANCHOUCH
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